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ALI BENFLIS À OUARGLA :
«Le peuple votera pour moi, pas pour ma famille»
Le candidat Ali Benflis a poursuivi hier sa campagne électorale par des meetings dans le sud du pays. Après Adrar, il a marqué une halte à Ouargla pour s’attaquer de front à la problématique de la corruption.
La lutte contre la corruption passe par la suppression pure est simple de la loi relative à la lutte contre la corruption. C’est la conviction du candidat Ali Benflis. Il s’est expliqué, hier, lors d’un meeting à Ouargla organisé à la Maison de jeunes Moufdi-Zakaria.
«Par le passé, tous les actes de corruption était punis par la code pénal. Les peines de prison étaient décidées en fonction des sommes détournées. Mais en 2006, ils ont annulé cette disposition et fait adopter une loi anti-corruption qui condamne à une peine de dix années la personne qui a détournée un centime et celle qui a détourné un milliard de dollars. Le résultat est qu’ils ont fini par encourager les détournements de grandes sommes d’argent public.»
Benflis estime nécessaire de «détruire la loi d’encouragement de la corruption et de la protection des corrompus» et de revenir au code pénal. Il s’est ensuite attaqué à une des principales mesures de protection des corrompus : le privilège de juridiction. «Le législateur français avait introduit cette mesure pour assurer un procès équitable aux élus et aux administrateurs en faisant en sorte qu’ils soient jugés dans une autre juridiction que celle dans laquelle ils sont nommés. Mais en Algérie, elle a été détournée pour permettre aux hauts responsables corrompus de jouir d’une immunité. C’est devenu un privilège tout court», lancera-t-il sous les applaudissements de l’assistance.
Il s’est ensuite engagé à mettre un terme à «l’impunité familiale et des amis». «Le peuple algérien votera pour moi et pas pour ma famille. Une fois élu, je peux vous assurer que mes enfants et les membres de ma famille garderont les mêmes activités professionnelles. Je m’engage aussi à choisir des responsables jeunes et propres pour conduire les affaires du pays. Et s’il m’arrive de me tromper sur l’un d’entre eux, je mettrai immédiatement un terme à ses fonctions.»
Trahison
A partir de Ouargla, principal bassin pétrolier d’Algérie, Ali Benflis a tenu à revenir sur l’adoption de la loi sur les hydrocarbures. «Le projet de loi m’avait été soumis lorsque que j’étais chef de gouvernement. J’étais absolument contre ce texte car j’estimais que c’était un acte de trahison envers les martyrs de la Révolution. L’entériner aurait été un acte de trahison envers mon propre père et l’ensemble des chahids de ma famille.» Véritable «folie», la première mouture de la loi sur les hydrocarbures aurait dû, selon lui, «être soumise à référendum». «Ils auraient pu, au minimum, respecter le peuple en lui demandant son avis. Le pétrole et le gaz sont des richesses qui appartiennent à tous les Algériens. Au lieu de cela, ils ont tout offert aux puissances étrangères. Tout ce qui avait été nationalisé par le président Houari Boumediène a été offert aux puissants. Mais ils ont fini par faire marche-arrière en adoptant une nouvelle mouture. Cela s’est fait sous la pression d’autres pays producteurs d’hydrocarbures qui ont estimé que le gouvernement algérien avait fait d’énormes et de dangereuses concessions», a expliqué Ali Benflis en rendant un hommage appuyé à Hugo Chavez qui, d’après lui, avait joué un rôle déterminant dans cette affaire. Par ailleurs, le candidat s’est dit solidaire du Mouvement des chômeurs de Ouargla et dénoncé la manipulation du gouvernement pour miner cette initiative. «J’ai suivi dans les médias les actions du Mouvement des chômeurs. C’est une initiative légitime car l’emploi est un droit. Mais pour décrédibiliser ce mouvement, on s’est empressé d’accuser ses membres d’être à la solde de l’étranger. On a encore une fois mis en avant la main de l’étranger. Comment peut-on apporter de telles accusations contre des Algériens qui manifestent pacifiquement pour leurs droits ? Moi je dis que le peuple algérien s’est libéré du colonialisme pour vivre libre.»
Découpage administratif
A Adrar, où il avait animé la veille un meeting à la salle de la maison de jeunes, Ali Benflis s’est engagé à réaliser un nouveau découpage administratif dans cette partie du territoire algérien. «La wilaya d’Adrar a une superficie égale au territoire français. C’est une wilaya qui recèle des richesses naturelles très importantes et des potentialités immenses. Je ne suis pas de ceux qui font des promesses sans lendemain, je m’engage sur l’honneur à procéder à un nouveau découpage administratif qui prenne en charge les spécificités des quatre grandes régions de cette wilaya.» Ce projet de découpage fera de la ville d’Adrar le principal centre
économique et permettra de développer Timimoun, Aoulef et Bordj-Badji-Mokhtar. Le candidat à la présidentielle n’a pas manqué de tourner en dérision les promesses faites dimanche à Adrar par Abdelmalek Sellal lors de son premier meeting. «Nous savons tous qu’il y a un manque crucial de médecins spécialistes dans la région. Durant quinze ans, ils ont été incapables d’offrir aux habitants de la
région une médecine de qualité et voilà qu’ils décident, du jour au le demain, de construire un Centre hospitalo-universitaire!» lancera-t-il. La soirée a été particulièrement chargée pour le candidat et son staff. Après avoir dîné à Ba Amor, localité située à 50 kilomètres du chef-lieu de wilaya, Ali Benflis a été reçu tard dans la nuit par le cheikh Moulay Abdallah Belkebir, chef spirituel de la confrérie de cheikh Sidi Mohamed Belkebir. Une rencontre perçue à Adrar comme étant un soutien clair de cette puissante zaouia à la candidature de Ali Benflis.
Le Soir d'Algérie
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Feb 07 , 2018
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Feb 07 , 2018